Sempiternels souvenirs aux goût sanginaires... [Aki]

Sur les touches du vieil orgue couvert de poussière, Absinthe joue une mélodie qui n'as plus de raison d'être. Jusqu'alors, elle avait accompagnée le souffle d'agonie du cadavre à ses pieds. Sans se soucier de ses supplications rauques, ou du bruit répétitifs des gouttes de sang qui viennent s'écraser sur le sol, elle s'était bornée à laisser ses doigts courir sur les touches blanches de l'orgue qu'elle tachait d'un rouge écarlate. La funeste mélopée s'était répétée encore et encore, cercle perpétuel qui ne connaissait ni début, ni fin, et même maintenant, alors que l'homme s'était vidé de son sang, que son coeur charcuté était bien incapable du moindre battements, le silence de la pièce se brisait sous le son lugubre et morbide de l'instrument.

Ses pieds nus trempaient dans le sang encore chaud, et sans vraiment s'en rendre compte, elle traçait des arabesque sur le liquide vermeille, dessinant inconsciemment les esquisses d'une langue ancienne, perdue depuis des siècles. Sa langue passa sur ses lèvres, venant y recueillir les quelques gouttes de sang qui y perlait encore et toujours. Son visage en avait été éclaboussée, et sa robe, largement entrouverte soulignant finement ses formes, avait perdue sa blancheur immaculée. Même sa peau porcelaine s'était vu souillée par le liquide vermeille... Seule l'une de ses épaules dénudées semblaient avoir été épargnée...
Les yeux clos, elle se perdait dans les méandres de sa musique, sombrant un peu plus, à chaque note, dans la folie qui la consumait depuis si longtemps. L'odeur de la mort venait contaminer l'air de ce lieu saint... L'église venait à jamais de perdre sa pureté et Absinthe avait pour toujours entachée la beauté des lieux. Les cadavres empilés sous la grande croix d'argent semblaient adressée une supplication vaine à leur dieu, alors qu'il les regardait, l'oeil vide semblant se moquer de leur longue souffrance. C'est avec un plaisir malsain qu'elle leurs avaient prouver que leur soit disant protecteur ne lèverait pas le petit doigt pour leur venir en aide... Un à un, elle les avait tuer, plantant ses crocs avec une violence inhumaine dans leur nuque, afin de leur voler leur précieux fluide sanguins, se délectant de leur terreur, s'abreuvant de leur peur, et se nourrissant de leur horreur...
Leurs pathétiques prières, lui avait tirer un rire cristallin, presque innocent qui offrait un contraste beaucoup trop dérangeant avec la démence qui semblait l'habiter. Leurs défenses inexistence, et leurs promesses de damnation éternelle, l'avait laissée sur sa faim... damnée elle l'était déjà depuis si longtemps. Ce mot n'avait plus de réelle importance pour elle, Absinthe avait finie par faire de sa malédiction, un fléau pour le monde des mortels. Transgressant sans une once de culpabilité toutes leurs lois, violant leurs règles, et profanant leurs lieux sacrées. Elle s'était chargée d'imposer sa marque à chaque siècle, et massacre sur massacre, elle avait finit par laisser son empreinte dans l'histoire.

La mélodie cessa brusquement, plongeant la vaste église dans un silence terrifiant. Même les animaux nocturnes semblaient s'être murées dans un mutisme surnaturel, conscient de la présence d'un prédateur plus terrifiant encore que l'homme.
La colère d'Absinthe avait été aussi violente que rapide, et repus de sang humain, elle avait à présent les idées plus claires. Sa folie meurtrière passée, elle repensait à l'objet qui avait déclenché furie. Les images d'un brasier, des flammes léchant un corps privé de tête lui revenait en mémoire, la scène d'un cadavre frais arrosé d'essence lui causèrent quelques désagrément. Comment allait il osé ? Comment pouvait il ne serais ce que songer à une telle mort ? Elle lui avait offert le cadeau de la vie éternelle et lui comptait en finir ! Il en était hors de question, il n'avait pas le droit ! Non... Il ne devait pas mourir

- Aki... Aki... regarde ce que tu m'as fait faire...

Murmura t-elle pour elle même, alors qu'elle venait de se relever, admirant, un sourire satisfait sur les lèvres le carnage qu'elle venait de commettre sans l'ombre d'un regret. La vie de ces hommes n'avaient aucune importance à ses yeux, ces malheureux c'étaient trouvées au mauvais endroit au mauvais moment...
Marchant parmi les cadavres, elle ne put s'empêcher de repenser à ce passée qu'elle s'était jurée d'oublier... Il était partie, il avait fait son choix... Il ne supportait plus sa condition, il ne supportait plus ce qu'il faisait, pour lui il était un monstre, un être odieux qui ne méritait pas de vivre comme il le faisait... Et elle, stupide créature qu'elle avait été, elle l'avait laissée partir, sans un mot, sans une parole... juste d'un regard. Il n'y avait rien à dire, il n'y avait rien à faire, elle l'avait simplement regarder partir, sachant pertinemment qu'il ne reviendrait pas... Absinthe, aurait voulu le retenir, lui dire qu'il comptait à ses yeux, qu'il était sa vie, sa raison d'être. Si elle n'avait pas sombré dans une folie sanguinaire, c'était grâce à lui, si, à cette époque, elle restait maîtresse de ses pulsions destructrices, c'était parce qu'il était là, il était seul à pouvoir la raisonner...
Lorsqu'il était partie... tout avait basculer, ces siècles de violence refouler avait finit par rejaillir, bombe à retardement, elle avait explosé dans un carnage sans fin... Elle avait semer la mort et récolter le sang verser, rien ne l'avait arrêter, rien...
Plus de 75 ans avaient passés, sans que personne ne puisse la détourner de son entreprise funeste... 75 ans... une broutille pour elle en tant normale, quelques années aux équivalences de secondes... Mais loins de son Enfant... Le temps lui avait semblé être une succesion de millénaire, chaque seconde passant la ramenant à sa solitude... tout semblait pâle et sans saveur, même le sang avait le goût âcre des regrets...

Et il y avait eut cette vision... Ce pressentiment...

Jusqu'alors elle avait coupée tous les liens qui l'unissaient à lui... Ignorant les images de la vie d'Aki qui traversaient son esprit, elle avait avancer sans se retourner... Elle ne voulait pas savoir ce qu'il devenait, elle ne voulait pas voir toutes ces personnes qui partageaient la vie du jeune homme... Tous ces mortels qui souillaient le corps parfait du vampire, toutes ces âmes qui le condamnaient à l'humanité... Ces noms qui hantaient l'esprit de son vampire, ceux qu'elle l'entendait murmurer alors qu'il se laissait aller au pécher de chair encore et toujours... Elle aurait préférée qu'ils n'existent pas... c'était trop dur... trop douloureux, même après tout ce temps...
Mais ça... elle ne pouvait l'ignorer... Non, jamais, elle ne pourrait le laisser mourir, jamais, même si pour ça elle devait trahir la promesse qu'elle s'était faîte, elle ne pouvait pas le laisser se tuer...
Elle était retournée en Corée, ce pays qu'elle avait rayer de la carte de son monde... Revenu à la case départ, brisée sa parole...
Pour lui, que n'aurait elle pas fait ?

Ses mains glissèrent sur le sang encore frais qui se rependait lentement sur les dalles blanches de l'hôtel voué à un Dieu impitoyable qui ne montrait aucune compassion envers ces disciples... La bordure de sa longue robe blanche était définitivement imbibé du liquide vermeille. Ses doigts glissèrent sur ses lèvres, alors qu'elle lapa le sang qui s'y trouvait avec un sourire exquis...
Les yeux clos, de nouvelles images brûlèrent son esprit, dans une douleur terrible qu'elle avait appris à maîtriser et à apprécier, elle vu le jeune vampire... Cadavres allongés sur des longues tables métalliques, long tiroir frigorifique, néons et lumières tamisées, quelques blouses blanches... La morgue... La vision s'estompa aux bouts de quelques secondes à peine, pourtant, Absinthe gardait chaque détail gravé dans sa mémoire... Il était temps maintenant, il était tant qu'elle le revoit...
Quittant l'église, ne laissant derrière elle que des corps défigurés par l'ivresse de sa colère, elle se mit en route vers Séoul, là où il se trouvait. Un vent glaciale fouettait son visage, mais elle ne le sentait même pas.
Non, son esprit entier étaient accaparées par son retour, et alors qu'elle traversait les kilomètres qui la séparait de son enfant, invisible pour l'oeil humain, son esprit dériva... Allait il sentir son retour ? Pensait il qu'elle reviendrait après tout ce temps ? Et surtout, comment réagirait il en la voyant ? Occultant ses questions futiles, elle accéléra encore le pas, slalomant agilement entre les obstacles qui se dressaient sur sa route...
Et elle s'arrêta. Devant elle se dressait l'hôpital... le même que dans sa vision. Dissimulée parmi les ombres, elle contemplait la bâtisse, avant de s'y engouffrer avec empressement, les salles défilaient sous ses yeux sans qu'elle n'y accorde d'importance. Les marches menant à la morgue, elle les dévala sans un bruit, dans un silence parfait... Et enfin, enfin, elle le vit...

Il n'avait pas changé, c'était toujours le même, c'était toujours lui, c'était toujours Aki. Les années n'avaient eut aucun impact sur sa beauté vampirique, et ses traits étaient identiques, elle n'avait jamais put chasser de sa mémoire les contours parfait de son visage.
Comme avant, elle aurait aimée se réfugier dans ses bras, comme avant elle aurait aimée laisser ses lèvres vagabonder sur la peau pâle de sa nuque, et l'effleurer de ses crocs, comment avant elle aurait aimée se perdre dans ses iris torturés, et lui murmurer des paroles qu'il était seul à comprendre... Mais plus rien n'était comme avant... Tout avait changée
Alors elle resta dans l'ombre, à l'observer de ses prunelles onyx, le regardant se repaître du sang des morts, sans respirer, sans briser le silence... Et pourtant, intérieurement, elle hurlait sa douleur de l'avoir perdue si longtemps...

Torturé, déchiré… baladé sur le seuil de l’éternité, jamais Aki ne s’est senti plus humain… plus ?...Triste sort ,au début tout cela était amusant ,une simple mélodie qui lui perçait le tympan ,l’image d’un cimetière abandonné de temps à autre… mais jamais au grand jamais il ne s’était imaginé vivre en proie à lui-même, terrassé par une banale mélodie cadavérique… et obsédé par les caresses de sa maitresse… ses nuques… ce froid glacial… Une croix ? Une gousse d’ail ? De l’eau bénite ? Si seulement ça pouvait être aussi amusant d’être un buveur de sang. Les anges en riraient, les démons s’en moqueraient. Le félin n’est plus et ce depuis 275 ans, il vit a travers son reflet, à travers l’image d’un être sans cœur, froid et sans pitié. Toucher quelqu’un, coller son corps à celui d’un être chaud dont le cœur bat à la chamade sous le coup de l’excitation s’est un plaisir d’une infinie fragrance. La panthère à depuis longtemps repoussé son envie de s’abreuver au cou de jeunes victimes innocentes… préférant donc les entendre gémir de plaisir que de douleurs. D’ailleurs ce plaisir est très vite devenu une drogue, jour et nuit… seconde après seconde, s’il pouvait ne vivre que de ça puis en mourir il serait le plus heureux des… vampires.

Aux yeux des vampires Aki est un lâche, bien entendu, et sa maitresse, celle qui le transforma il y a de cela presque 300 ans devait lui en vouloir terriblement. Ou peut être simplement que la panthère n’était pas un bon élève… ou elle, une médiocre maitresse, qui sait ? Les cadavres, voilà son seul repas, ça ne suffisait pas à calmer sa faim mais ça permettait de lui faire oublier un instant à quel point il pourrait être un monstre abominable. Séducteur oui… mais pas tueur. Le violon qui grince dans son crane ne cesse de lui rappeler ce qu’il est et ce qu’il devrait faire… mais lui n’en fait qu’à sa tête, le jour de la délivrance approche et personne… ou presque personne ne pourra l’arrêter, ce n’est sans dire à quel point il attendait ce moment. Aki avait beau être un être d’un charisme impressionnant et d’une noirceur dans pareil, il riait énormément des clichés concernant les vampires… non mais sans rire, depuis quand un buveur de sang ne peut pas regarder son reflet dans un miroir ? C’est totalement ridicule et ça n’a aucun intérêt… imaginez un peu que le félin ne puisse plus passer des heures à se contempler, ça serait la fin du monde à ses yeux.Tient donc, Aki n’a jamais essayé de dormir dans un cercueil =.=… ça pourrait être marrant, mais il n’osera jamais dormir dans quelque chose d’aussi peu confortable... quoique il y enfermerait bien deux ou trois ennemis pour voir combien de temps ils mettraient à mourir.

Il fut un temps ou Aki était une belle et gracieuse geisha ,ce que la mort était palpable en flirtant avec les samourai… mais ce que le risque était délicieux. Il était de loin le plus convoité et se cachait derrière son physique androgyne pour donner du plaisir, les quelques personnes qui le touchèrent se rendirent très vite compte de la supercherie mais ça ne fit qu’accroitre leur désir à son égard. Aki n’est pas son nom humain vous devez vous en douter… le félin se faisait volontairement appeler Kylia. Le numéro 1 disait-on. Voila qu’à présent il était devenu trop sanguinaire… trop pâle, trop… masculin à son gout. Adieu les longs cheveux noirs et les kimono, adieu identité masqué et beauté androgyne… Depuis qu’il est un vampire sa beauté est devenu beaucoup plus sensuelle que fragile… à son grand regret.

Les humains, c’est une espèce si amusante, il tente de chercher un but à leur existence sans pour autant y croire réellement … si pathétiques et pourtant si attachants. Le félin s’est épris de plus d’un, même s’il existe Un vampire qui l’a énormément marqué ,sa maitresse, sa déesse ,celle qui lui a donné l’immortalité, certes il est un monstre et il veut en finir car il souffre trop mais il ne la remerciera jamais assez.. grâce à elle sa beauté n’est pas morte ,elle a évolué…. Quel gachis tout de même ,un aussi beau minois qui aurait pourri au fond d’une tombe. Voilà quelques jours que le félin pressent l’arrivée d’une personne qui lui est très familière, une démone ,sa mère… sa maitresse était là non loin ,Aki ne doutait pas une seconde qu’elle avait vu les envies suicidaires de son enfant et qu’elle allait tout faire pour le tirer de là, il faut dire aussi que le lien qui les uni est très fort et indescriptible.

Les vagues se balançaient de part et d’autres alors que le soleil se couchait à l’horizon, rien de plus délicieux qu’un couché de soleil… un pied de nez au destin dira t-ont. Il tendit faiblement sa main pleine de sang vers l’horizon alors qu’il tremblotait de toute part… la panthère avait encore essayé de mettre fin à ses jours. Se vider de son sang allait soulager ses peines non ? Hélas non. Son couteau taché de sang percuta le sol, il se sentait faible mais les portes de l’enfer lui étaient une fois de plus refusées. Il serra les dents en grimaçant puis posa son regard sur ses entailles qui s’étaient déjà refermées. Une immense colère l’envahi alors ,la panthère feignit d’être calme puis hurla avant de déchirer sa chemise blanche qui avait plus l’air d’une chemise rouge sang à présent. Portant un simple pantalon blanc qui épousait ses courbes avec grâce et délice, il se baissa pour refermer sa main sur le canif sanglant et avec une incroyable force il se transperça l’abdomen… un cri bestial s’éleva alors dans le port, les quelques marins qui y étaient aventurés devaient se poser bien des questions. Aki tomba au sol essoufflé mais sans la moindre égratignure, sa peau était toujours aussi glacial et il n’avait pas quitté ce foutu monde.

-Bordel… FAIT CHIER !

Le ciel se couvrit alors laissant place à une énorme masse nuageuse et inquiétante, le sang se méla très vite aux gouttes de pluie… et tout allait disparaitre comme si de rien n’était. Mais voila que le félin se sentit extrêmement faible, il entreprit alors de se rendre à la morgue afin de récupérer des forces. Il trainait la godasse, les mains dans les poches… incroyablement séduisant ,incroyablement lui. Une fois aux portes de celle-ci il huma l’air et se sentit transporté ,le félin vivait un instant futur… elle allait passer par là dans peu de temps, quelle exquise nouvelle.

La morgue est un des endroits préférés d’Aki, sombre, vide… macabre, Et puis il n’est pas obligé de se défouler sur une putain dans une ruelle sombre, il allait s’abreuver puis chercher trois ou quatre personnes à fourrer dans son lit pour cette nuit. Aki poussa brusquement les portes puis alla ouvrir un premier casier puis un deuxième mais les « victimes » de ses crocs n’étaient pas bien appétissant… qu’est ce qu’il aimait mordre dans la poitrine bombée d’une jeune femme et sur le bassin d’un beau jeune homme. Après une dizaine de casiers ouverts il trouva enfin son bonheur. Aki se passa alors lentement la langue sur les lèvres puis il se pencha pour léchouiller quelques parties très alléchantes, il deshabilla la jeune femme et mordit comme prévu dans sa chair si tentante ,sa poitrine ne se soulevait pas de plaisir malsain mais ce n’était pas dégoutant juste un peu moins bien. Une impatience soudaine se fit alors remarquer chez le félin ,il secoua la tête puis griffa la cuisse de la morte avec férocité… elle était là… pas loin… Aki se redressa alors doucement puis se figea sur place tandis qu’une larme sanglante coula de son œil pour perler sur le corps sans vie du bout de chair allongé.

-ça fait si longtemps…

Silencieuse, elle l'observait, sans mot dire, sans bouger... Penché sur le cadavre d'une jeune femme, il satisferait sa soif de sang... Quand comprendrait-il qu'il ne peux que survivre ainsi ? Quand se rendrait il compte de toutes les merveilles qu'il loupe en se comportant ainsi ? Avait il oublier le goût exquis du sang encore chaud ou bien l'ivresse qui gagne chaque vampire lorsque leurs crocs perforent la nuque d'un mortel vivant ? C'était dans sa nature de tuer, il était fait pour ça... Sa séduction, sa voix si suave, l'attraction qu'il l'exerçait sur les mortels, tout ça était fait pour qu'il puisse les tuer avec l'aisance qu'il le voulait.
Elle n'avait pas oublier la raison de son départ, comment aurait elle put ? ''Je ne veux pas être un monstre''... ces mots qu'il avait pensé si fort, pendant si longtemps, lui vrillait encore le crâne, lacérant son esprit à coup de couteau, ne laissant derrière eux qu'un long crie d'agonie et une souffrance qui ne connaissait pas son pareil... Un monstre... Est ce ainsi qu'il la voyait ainsi, elle qui ne se nourrissait que de vivant et prenait à chaque fois un plaisir intense à s'abreuver à leurs gorges ? Elle qui se présentait devant lui après des années d'absence, vêtue d'une simple robe blanche souillée par le sang de ses victimes encore fraîche ? Et pourtant, même ainsi tachée, dieu qu'elle était belle, ses cheveux noirs retombant dans le bas de son dos, offrant un contraste alléchant entre le sang vermeille et sa peau si blanche, son visage porcelaine, sa fragilité feinte... ... Une beauté atypique, séduisante... attirante...

Un sentiment qu'elle méprisait par dessus tout lui serra le coeur... et si il la repoussait... Elle qui osait afficher sa nature démoniaque et rire au nez de ceux qui la condamnait, elle qui pouvait tuer juste par envie, elle qui avait fait de lui ce qu'il était aujourd'hui... Absinthe refusait d'y penser... pourtant, elle savait que lui aussi avait du voir des images de sa vie défiler, assister aux carnages qu'elle perpétuait sans être prise par le remord... Il avait dut voir ses meurtres... hommes, femmes, enfants, elle en avait tuer plus tuer en 75Années que lui en deux cents ans. Il avait toujours su qu'il était seul à pouvoir refréner sa folie destructrices... mais c'était il doutés qu'elle céderait avec tant d'aisance à la violence ? Qu'avait il put penser de ses massacres ? L'avait elle à jamais dégoûter d'elle ?
Lui, lui qui ignorait sa vrai nature et refoulait ce qu'il était, il avait tournée le dos à son coté vampirique et se bornait à ce faire passer pour un être humain... qu'il n'était plus.. lui qui était ni vampire, ni humain, mais une créature sans nom qui oscillait entre les deux sans pouvoir se fixer, qu'avait il penser des bains de sang qu'elle avait perpétuée par simple plaisir ?
Qu'elle avait dut être mauvaise mère pour qu'il se torture ainsi l'esprit avec des questions existentiels, pour qu'il juge encore par les valeurs humaines.
Ses pensées s'envolèrent comme une nuée d'insectes dérangée, dès que son enfant posa le regard sur elle... L'unique larme sanguine qu'il laissa échapper la ramena à la réalité...
En un instant, elle se retrouva à ses cotés, ses iris onyx plongées dans les siennes, face à lui, sans avoir jeter un regard à la morte... Les cadavres n'avaient aucune importance à ses yeux...
Sa voix était une mélodie à ses oreilles, dont elle ne pouvait se lasser, et ce n'est qu'en cet instant qu'elle se rendit compte à qu'elle point il lui avait manquée... Ces 75ans loin de lui, l'avait à jamais marquée au fer blanc, depuis son départ, elle n'avait été qu'un vampire mort qui se donnait l'illusion de vivre...

-Beaucoup trop...

Sa voix ne fut qu'un murmure qu'un simple humain n'aurait put entendre. Sa main vient se poser sur sa joue glaciale, alors qu'elle s'enivrait de son odeur encore et encore... Ce que les humains pouvaient être fade et sans saveur face à lui, ce que les hommes pouvaient être laids et disgracieux comparée à son vampire. Ses doigts glissèrent sur la peau de son enfant, caressant toutes les parties de son corps qui avait connu la morsure du canif... Les images repassaient dans sa tête, et elle se condamnait à le revoir s'ouvrir les veines, ressentait la souffrance qui l'avait étreint alors qu'il se vidait lentement de son sang, puis se transpercer l'abdomen avec l'espoir fou de mourir...

* Non, ma geisha... La mort t'es interdite... quoique tu fasses, tu ne goûteras jamais à l'amertume des cimetières, jamais tu ne redeviendras poussières et jamais tu ne pourriras mangés par les vers enfermés dans un cercueil... Jamais... *

- Quelle folie a put bien prendre possession de ton esprit pour que tu penses avec tant d'acharnement à briser le cadeau d'éternité que je t'es fait ?

* Quelle folie te pousse à vouloir me quitter pour toujours ? *

Et elle céda, il y avait trop longtemps qu'il était partie, trop longtemps qu'elle était seule, trop longtemps qu'elle avait cesser de respirer. Avec une rapidité propre aux vampires, elle se lova contre lui, appréciant plus que jamais le contact de sa peau glaciale contre la sienne toute aussi froide... Rien que cet instant lui fit oublier tous les amants mornes et sans saveurs qu'elle avait connu dans l'espoir de combler ce putain de vide qui la détruisait depuis qu'il était partie.
Elle avait tant à lui dire, mais elle n'en ferait rien. Entre eux, ils n'y avaient jamais eut besoin de mots, ils pouvaient se comprendre d'un simple regard.
Sa main passa sur son abdomen qu'il avait tenter de déchirer avec sa lame blanche, même si il n'y avait plus aucune marque, elle vibrait encore sous la douleur qu'il avait partagé avec elle sans même le savoir. Cette vision avait été si frappante, et quelques secondes seulement avant qu'il ne se blesse, la souffrance lui avait transpercer le crâne. Elle caressa sa peau glaciale, à l'endroit exacte où aurait dut se trouver sa blessure...

* Ne souffres tu donc pas assez avec toutes tes tortures mentales pour en plus de flageller comme tu le fais ? *

Non, elle ne pouvais pas le laisser mourir, jamais... Elle avait vu son plan, elle tuerait tout humain qui oserais lui faire mal, elle tuerait les malheureux qu'il allait payer pour le découper puis le brûler... Ses lèvres se posèrent sur sa nuque, et elle respira son parfum unique, le même parfum qui l'avait attirer des siècles plus tôt dans cette maison de thé où il travaillait en tant que geisha... Ce qu'elle avait rit ce jour là, devant cet homme qui se faisait passer pour une femme, alors qu'elle même était femme qui se faisait passer pour un homme... La coïncidence avait été amusante, et si elle avait été vampire à croire à des sornettes, elle aurait put croire que c'était un coup du destin.
L'espace de quelques secondes, à moins que ce ne soit des heures ? Elle avait perdue toute notions du temps depuis bien longtemps, elle se laissa aller, tout contre lui.

* Ma geisha... *

Il n'y avait rien d'autre à rajouter, son retour était plus criant que n'importe quelle phrase. Sa présence à ses cotés, valait tous les discours. En cette poignée de seconde, le temps s'était arrêter pour elle, et bien malgré elle, elle restait suspendu aux lèvres de son vampire...

Qu'il la repousse et son éternité s'écroulerait.