¤A chacun son reflet¤ [Eden / Aki]

La vie a fait de moi un pantin, un joujou haute gamme qui donne bien du file à retordre aux anges d’une innocence bafouée. Je suis le Narcissice fanée d’un temps perdu, l’amour cruel d’un baiser éphémère, une image effrayante, une main tremblante. J’étais, je suis et je serai un monstre d’une beauté kabbalistique, un sempiternel amant des plaisirs charnels. J’ai croisé ton regard, senti ton souffle sur ma peau glacial, tu as tué le spectre de mon âme, bouffé mon cœur et écrasé mes pensées. Tu m' as anéanti et tu t’es approprié mon corps. Je rampe à tes pieds depuis tant d’années mon prince, papillon de nuit à l’apparence si fragile, aux gestes si attirants.

Détruis ce qui reste de moi si tu ne veux plus me revoir…
Mais Pantin je ne veux plus être, si je suis loin de toi…

Peur déserte, fantôme de rires d’enfants, mélodie angoissante d’une vieille boite à musique donc les traits évoquaient vaguement ceux d’un manège et de ses petits cheveux. De minuscule mains innocentes avaient dû tourner maintes et maintes fois la clef afin de s’émerveiller devant de jouet et de rire aux éclats. A présent poussiéreux et lâchement abandonné, Aki shoota dedans car il se trouvait sur son chemin. La mélodie démarra, elle était morbide et lugubre à souhait, cela décrocha un petit sourire au félin qui se mordilla la lèvre inférieure avant d’augmenter le son de celle-ci en réparant un petit morceau en métal de la caisse de résonnance. Sa langue humidifia ses lèvres avec sensualité avant d’entrer dans le palais des glaces.

La mélodie sans fin du jouet se répercutait avec aisance contre les murs de l’immense pièce et contre chaque miroir, pourtant il trainait encore dans la poussière à l’extérieur. Le démon du plaisir actionna l’attraction puis il alla s’allonger au beau milieu de la pièce. Les lumières avaient refusé de s’allumer mais les glaces étaient en mouvement, se croisaient, se frôlaient… c’était dangereux à souhait ,avec chance il se trouvait dans l’attraction qui avait fait fermer tout le parc. L’odeur de la mort tapissait encore toutes les surfaces de ce lieux vampirique… démoniaque… infernal ? Non pire encore, c’était la lumière et l’obscurité ,l’entre deux qui fait frissonner. Le beau et le laid, l’infini banalité ,neutralité… la fragmentation de la raison, passion… La peur irréelle, surnaturelle.
~C’est étrange de penser à toi ,Alors que je me l’étais interdit ,comme un vague souvenir de baiser… un sourire mal placé, un regard dérangé et des caresses ennivrantes…donnes moi le baiser de la mort pour abréger mes souffrances mon amour~

La paume de sa main glissa sur le sol de la pièce, les yeux clos, éperdument épris de la douce mélodie satanique, il revoyait encore le doux visage de sa créature nocturne, celle qui fascinée selon les gouts des anges et modelée selon les hurlements des titans, pourfendait l’obscurité pour se perdre dans l’esprit animal du félin. Tant de choses ce sont passés depuis la dernière fois que leurs regards se transcendèrent, tant de haine et de dégout, d’ennuie et d’amertume. Il voulait bloquer les paradigmes rouages du temps ,défiant chronos de sa paire d’acier. Les kyrielles patibulaires ne s’en trouvaient pas moins loués. Sa peau pâle se perdait dans la teinte du sol, seules ses cheveux noirs se mouraient dans la confusion inadaptée de cette superposition indécente. Sa chemise noire avait épousée le sol et rompue avec le torse d’Aki, à croire qu’aucun tissu n’osait cacher ce torse si parfait. Son pantalon en cuir noir léchait la silhouette exquise du vampire et le noir sous ses yeux ne faisait que souligner le caractère bestial et tentant du monstre.

Les palimpsestes avaient annoncé la fin de l’espèce humaine, dans quelques centaines d’années ,les vampires les auront tous bouffé. Le règne animal allait assouvir l’innocence et la naivetée, ils étaient partout..ces buveurs de sang, mais Aki, Absinthe et Eden étaient bien trois créatures à part entièrement ,les souverains du royaume dira t-on…La reine suprême aux envies bien sanglantes, la geisha soumise aux plaisirs charmant de son amant le prince de la nuit et de ses sujets aux ailes dorées. Quel beau royaume vous ne trouvez-pas ? Une rivière de sang aux pieds du château, des corps blanchâtres pour délimiter les sentiers, quelques joueurs de violons aux yeux masqués dont la bouche ne semblait pas avoir sa place sur leur visage. Des panthères errants entre les cadavres… des champs de roses noires et des pluies de sang…miam quel décors appétissant. Les yeux clos, il s’en léchait les babines.

¤Flasback¤

Il pleuvait des trombes d’eau ce jours-là ,personne n’était assez fou pour mettre le nez dehors, sauf Aki bien sur qui adorait la pluie, c’était son élément…sa partenaire sexuelle la plus inappropriée. Il portait, comme il le fait de temps en temps, un kimono blanc nacre et ses cheveux noires était mi-long légèrement volumineux et ses multiples piercings lui donnaient un air faux rebelles…pour le moment. Voila 15 ans qu’Aki s’était fait mordre par Absinthe, il n’était alors qu’un bébé par rapport à sa renaissance. Il marchait dans cette fôret sombre espérant tomber sur une biche pour abreuver sa ‘soif’…Le félin a toujours refusé de gouter l’humain, il est un pseudo gentil vampire ,ou un imposteur au choix.

Les branches craquaient sous chacun de ses pas, et les feuilles au dessus de lui ne filtraient que partiellement les gouttes d’eau. Aki s’arrêta près d’une cascade et fixa l’eau sans un mot, le soleil , les cheveux en partie mouillés, l'air innocent et encore naif... le chieur et le salaud n'étaient pas encore en lui .

Regardes ton reflet ,affrontes tes peurs... et tends moi la main... pour m'empêcher de tomber..

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